Passer au contenu principal

Où en est le Québec avec sa consommation locale?

En matière de consommation locale de produits alimentaires de toutes sortes, le Québec se débrouille plutôt bien. Ce n’est pas tout à fait la même histoire pour les produits marins.

En 2020, la crevette surgelée et le thon en conserve recevaient la palme d’or et d’argent de la consommation québécoise. L’aiglefin surgelé, les anchois et les sardines en conserve ont aussi fait une belle ascension dans les ventes entre 2015 et 2020. Hélas, ce sont tous des produits importés…

Heureusement, le homard frais, bien de chez nous, arrive en troisième position du palmarès de la consommation québécoise.

Provenance des produits consommés au Québec (2019)

Diagramme en barre. Produits alimentaires : 52 % Québec, 26 % Canada, 22 % International. Poissons et fruits de mer frais : 10 % Québec, 80 % Canada, 10 % International. Poissons et fruits de mer transformés : 15 % Québec, 8 % Canada, 77 % International.
Icone représentant un livre
En 2019, plus de la moitié des produits alimentaires consommés, que ce soit en épicerie ou dans la restauration, provenait du Québec. C’est toutefois une autre histoire quand il s’agit des produits marins…
Source : MAPAQ, 2023

Moi, consommateur

Pour créer un marché, il faut une offre et une demande. Les produits en vente dépendent aussi bien de l’un que de l’autre.

En tant qu’acheteurs, nous avons un pouvoir décisionnel relatif sur ce qui se retrouve dans nos épiceries. Évidemment, la disponibilité a son importance. Or, les volumes d’achat et les tendances de consommation proviennent surtout des consommateurs. La commercialisation des produits marins n’échappe pas à cette règle.

Parfois, il faut faire le premier pas.

À l’épicerie ou dans une poissonnerie

Demande si une espèce marine pêchée, chassée ou récoltée au Québec, de manière responsable, est disponible en ce moment.

Au restaurant

Goûte une nouvelle espèce locale, s’il y en a au menu.

Profite des experts de ta région et de leur savoir-faire pour t’informer sur les produits marins locaux, parfois nouveaux, et leur approvisionnement. Demande conseil sur leur préparation, leurs saveurs, les meilleures associations gustatives.

Et s’ils n’ont pas le produit recherché, tu créeras une demande. C’est gagnant, il suffit (presque) simplement de demander.

Quel consommateur es-tu?

En 2022, l’École des Pêches et de l’aquaculture au Québec (ÉPAQ) a réalisé une étude pour identifier quelles sont les valeurs associées aux ressources halieutiques de la population de la municipalité régionale de comté (MRC) du Rocher-Percé.

Pour y arriver, les chercheurs ont procédé à des groupes de discussion et ont soumis un questionnaire à des citoyens, étudiants en pêche, travailleurs d’usine, aides-pêcheurs et capitaines.

Objectif

Penser un modèle de gestion des espèces marines qui reflète les valeurs de la communauté.

Résultats

Une boussole des valeurs.

Des recommandations à destination des gestionnaires et acteurs de l’industrie et des décideurs politiques.

Une bande dessinée expliquant la démarche des chercheurs, le processus de réalisation de l’étude ainsi que le potentiel d’utilisation des résultats.

Transcription

La valeur des ressources

Bande dessinée créée par Audrey Desaulniers et l’École des Pêches et de l’aquaculture du Québec.

Une collaboration de Fortin Mongeau, F., Fontaine, P.-O., Glazer-Allard, J.-D., Desaulniers, A., Joseph, E., Landry, A.-J., Sutton, T.

[Illustration de trois homards sur un fond marin. Un casier à homard en arrière-plan].

Narration : Une journée banale dans la parcelle n° 4A…

[Illustration rapprochée sur les homards qui se parlent].

Homard 1 : Dis, toi, Richard, si t’avais le choix entre donner 5 de tes amis aux pêcheurs, d’un coup, ou bedon d’en donner 6 sur 5 ans, tu choisirais quoi?

[Illustration d’un bateau de pêche sur l’eau].

Homard 2 : Tu les as, les questionnements, mon Gérard!

[Illustration de Pierre-Olivier Fontaine et Félix Fortin Mongeau devant une bâtisse sur la côte].

Narration : C’est pourtant le genre de questions philosophiques qu’ont posé Pierre-Olivier Fontaine et Félix Fortin Mongeau, professeurs respectivement de pêche et de philosophie à l’ÉPAQ, à la communauté des pêches de la région Percé.

Pour mieux comprendre non pas les valeurs des homards, mais plutôt celles de la population par rapport à la gestion des ressources halieutiques.

[Illustration de trois personnes triant des homards sur la côte].

Leur but? Être plus à l’écoute des Gaspésiens et des intervenants de la pêche…

[Illustration d’espèces marines variées et de consommateurs à table].

Pour créer un modèle de gestion des ressources qui prend en compte les valeurs des gens d’ici.

[Illustration d’une étudiante qui discutent avec une autre personne].

Pour répondre à leurs interrogations, leur équipe, constituée d’étudiants, a sondé les intervenants. Peut-être les avez-vous aperçus à l’épicerie du coin?

Étudiante : Êtes-vous en accord? « Les milieux marins doivent être protégés en raison de leur beauté. »

[Illustration de l’étudiante assise qui discutent avec deux autres personnes].

Personne 1 : Pour moi, c’est important d’avoir accès à la ressource.

Personne 2 : Moi, je veux pouvoir faire de l’argent.

Narration : Ils ont ensuite réuni pêcheurs, travailleurs d’usine, aides-pêcheurs et citoyens extérieurs à la communauté autour d’une table de discussion présentant des mises en situation plus concrètes sur la gestion des ressources.

[Illustration de l’étudiante qui écoute, assise].

Grâce à celles-ci sont ressorties les aspects sensibles pour les intervenants par rapport aux enjeux de gestion des ressources.

Personne 2 de la scène précédente : Je veux protéger la ressource, mais en retirer un revenu.

Narration : Puis, des valeurs communes et certaines fractures ont émergé.

[Illustration d’une personne face à quatre scènes d’aménagement du territoire : Pêche de subsistance, pêche commerciale, milieu naturel, parcs nationaux].

Par exemple, dans ces mises en situation, Mylène, aide-pêcheuse, devait mettre en ordre de préférence 4 plans d’aménagement du territoire.

Mylène : Pour moi, c’est très important de pouvoir nourrir ma famille… plus que de protéger l’industrie! J’irais avec le n°1 d’abord. Je n’aime pas du tout le gaspillage qu’il y a dans l’industrie…

(Situation fictive).

[Illustration de Mylène à bord d’un bateau devant des prises accidentelles avec un collègue qui lit un journal].

Collègue : 19% des ressources pêchées se retrouvent dans l’assiette des Québécois.

Mylène : !

[Illustration de Mylène qui jette les prises à l’eau, entourée de goélands].

Narration : Le même matin… Mylène a attrapé 200 prises accidentelles qu’elle devra simplement donner aux goélands…

Mylène : Seigneur de gaspillage…

Collègue : On ne pourrait pas réutiliser tout ce qu’on pêche à la place?

[Illustration d’une boussole].

Narration : En parallèle à la table ronde, un peu comme avec une boussole électorale, les deux chercheurs ont créé une boussole de valeurs.

Grâce à cet outil, ils peuvent visualiser les priorités de la population plus facilement!

[Illustration Pierre-Olivier et Félix tenant des pinces de homards et faisant des calculs].

Pierre-Olivier et Félix ont ensuite regardé les choix des participants. Ils ont débattu, cogité et ont fait travailler leurs neurones pour bien faire ressortir les valeurs principales discutées.

[Illustration d’un graphique à double axe : économique versus morale et écosystémique versus individuelle].

Finalement, ils ont mis les valeurs des participants sur la boussole et ont pu penser à un nouveau modèle de gestion qui intègre les besoins de la population!

[Illustration d’un goéland sur l’eau à côté d’une cage à homards immergée].

Voyons concrètement en quoi ce modèle pourrait nous être utile…

[Illustration d’une personne parlant à une assemblée].

Prôner une approche participative

[Illustration d’une cage avec des bouées par-dessus].

Créer des programmes pédagogiques en phase avec les défis écologiques

[Illustration de deux personnes qui se tiennent par les mains].

Concilier autonomie alimentaire et économie.

[Encadré de texte].

Notre nouveau mode de gestion pourrait, par exemple, intégrer le désir d’autonomie alimentaire de Mylène en encourageant la création d’initiatives visant à vendre les espèces moins populaires à la population locale. Il pourrait aussi mettre en place des pistes de solution aux problèmes écologiques qui sont importants pour la communauté.

[Illustration de deux personnes tenant des homards et crabes dans leur main. Les homards ont un symbole du Québec accroché à une pince].

Vous avez de bonnes idées qui pourraient faire changer certaines pratiques? Prenez le flambeau et mettez en place votre vision!

Petit à petit, avec une action à la fois bien ancrée dans nos valeurs… on peut arriver… à créer des initiatives… où plus de personnes se sentiront impliquées.

On aura alors fait un bon bout de chemin pour pratiquer une pêche plus responsable et en accord avec ce qui nous tient vraiment à cœur!

Ce projet a été réalisé grâce au financement du Gouvernement du Québec, de l’École des pêches et de l’aquaculture du Québec et du CIRADD.

[Logos du gouvernement du Québec, de l’École des pêches et de l’aquaculture du Québec et du CIRADD].

Les résultats ont montré une forte tendance à valoriser l’écosystème plutôt que l’individu.

De plus, les répondants ont attribué une valeur morale plutôt qu’économique à la ressource. C’est bon signe pour l’avenir.

Ce qu’ils ont aussi appris? Les discussions peuvent faire changer d’avis.

Apprendre à connaître les réalités de chacun permet de s’entendre sur des valeurs communes.

Boussole des valeurs pour la MRC du Rocher-Percé (2022)

Graphique en nuage de points, Écocentrisme à gauche, Individualisme à droite, Valeur économique en haut, Valeur morale en bas. La majorité des points se trouvent dans la portion en bas à gauche.
Icone représentant un livre
À la MRC du Rocher-Percé, écocentrisme et valeur morale sont prépondérants.
Source : ÉPAQ, 2022

Quel consommateur es-tu?

Attribues-tu une valeur plutôt économique ou morale aux ressources de la mer? Valorises-tu l’individu ou l’ensemble du vivant?

Tout comme les participants au projet de recherche de l’École des pêches et de l’aquaculture au Québec (ÉPAQ) sur les valeurs associées aux ressources halieutiques, réponds à ton tour à leur enquête afin de révéler ton positionnement sur la boussole et découvrir celui de tes pairs.

Alors, quels consommateurs sommes-nous finalement?

Pour sa consommation de produits marins locaux, le Québec peut s’améliorer. Heureusement, les prises de conscience sont en cours, les bases sont là. Continuons nos efforts. En tant que consommateurs, nous avons le pouvoir d’être des acteurs de changement.

Te voici au bout de la chaîne économique des produits marins du Saint-Laurent. Et si nous passions en cuisine?

This site is registered on wpml.org as a development site.